Je suis « entré en twictée » avec un peu d’appréhension.

J’avais déjà hésité l’année dernière à m’inscrire. Essayant de transformer ma classe en classe numérique, m’inspirant des travaux de la classe inversée, #Twictée était une suite logique à mon travail.

Peu familier des réseaux sociaux, j’étais inquiet de ne pas me retrouver dans le jargon, de me perdre dans les documents. De ce côté là pas de soucis, collaboratif n’est pas un vain mot, j’ai reçu l’aide immédiate et spontanée de plusieurs #twictonautes, les démarches sont bien guidées, de nombreux outils sont à disposition, aucun souci.

Puis je me suis demandé comment allaient réagir mes élèves, s’ils allaient s’investir suffisamment, être capables de détecter des erreurs sans trop de difficultés, trouver des règles et rédiger des twoutils, se corriger, réinvestir… Ouf !!! Tout ça pour des élèves à besoins éducatifs particuliers.

Surprise ! Mes élèves s’investissent ! Ils adorent. Ils jouent le jeu. Ils ne rechignent pas à la dictée, collaborent pour s’améliorer, cherchent les erreurs. Ils intègrent les balises petit à petit. Commencent déjà à trouver des règles seuls. Idéal ?

Non. La twictée ne dispense pas de pédagogie. Il faut bien sûr adapter, s’adapter, trouver des aides, gérer les moments difficiles avec les élèves, accepter une fois de plus qu’il n’y a pas de miracle, les élèves font encore beaucoup d’erreurs. Les mêmes erreurs, pour la même dictée…ou presque. Untel a mémorisé la stratégie pour orthographier un verbe à l’infinitif, parce qu’il a rédigé le twoutil pour un camarade. Un autre n’oublie plus l’accent sur la préposition « à ». Et puis d’autres ont encore du mal à réinvestir, car trouver la terminaison d’un verbe suppose d’abord qu’on repère le verbe. La grande différence ? Ils essaient vraiment, ils s’investissent, ils appliquent la même démarche dans tous leurs écrits car ils ont intégré qu’écrire est un acte social. Les écrits sont réels, ouverts sur le monde.

J’ai créé un îlot central dans ma classe, un repère pour venir vérifier grâce aux tablettes, son orthographe. Je ne leur interdits pas de se lever sans demander. Les balises sont affichées. Chacun est libre de se déplacer, d’aller chercher un outil, dictionnaire, tablette… une démarche globale s’est installée.

A travers #Twictée de nombreux apprentissages entrent en jeu. On utilise les réseaux, les nouvelles technologies, la recherche documentaire, on fait des phrases, on copie sans erreur, on enrichit les contenus par des outils numériques et audiovisuels… on sollicite les fonctions exécutives, on multiplie les compétences.

Mais il faut accepter de perdre un peu de temps au départ.

En SEGPA, la twictée prend du temps, beaucoup de temps. Pour moi, pour les élèves. Quand une twictée est lancée, j’y consacre presque tout le temps de français. Pas le choix. Ou plutôt si, je fais ce choix. Rien d’inhabituel d’ailleurs, travailler en SEGPA, c’est avant tout faire ces choix. Car si la #Twictée a ses règles, indispensables, elle a aussi sa souplesse. On peut faire une pause, puis recommencer.

Alors est ce que je conseillerais à mes collègues de s’inscrire ? Sans hésiter.

#Twictée, c’est une très belle idée.

David Billon

#Twictée en Segpa from DavidB on Vimeo.