Dans cet article collectif, retrouvez Sandrine Coutet, Nicolas Rallet, et Bruno Mallet avec un florilège d’idées, trucs, astuces et bonnes pratiques pour (re)dynamiser vos classes virtuelles !

Cycle 2 (Sandrine Coutet)

Par mail je donne un créneau aux familles et celles-ci se connectent ou pas selon leurs possibilités matérielles et/ou techniques. En CE1 on se trouve donc en présence d’enfants mais aussi de parents (ce qui est un élément important à prendre en compte). Mon intention avec ces séances de visioconférence est surtout de maintenir le lien, de se voir, de se parler, de continuer à être un groupe classe.

Avec des élèves de CE1, il est nécessaire d’animer la séance avec des activités faciles à mettre en oeuvre via la plateforme (la classe virtuelle du CNED).

Voici quelques idées que j’ai pu mettre en pratique et qui fonctionnent plutôt bien :

  • Quoi de neuf ? L’élève raconte une activité qu’il a faite dans la semaine.
  • Les décompositions. Je donne un nombre, les élèves doivent proposer diverses décompositions de ce nombre (en les écrivant sur le tableau blanc).
  • Le compte est bon. Je donne des nombres et demande aux élèves de trouver un nombre cible en utilisant certaines opérations.
  • Grammaire. Avec la fonction sondage, je propose deux phrases, l’une correctement orthographiée, l’autre erronée. Ils doivent cliquer sur la phrase correcte. Et ensuite, on explicite collectivement. Remarque : cette fonction sondage est très intéressante pour rendre les élèves actifs. Les items doivent être préparés à l’avance, il faut alors maîtriser rapidement le copié/collé pour les mettre en ligne au fur et à mesure (à ma connaissance, il n’est pas possible de préparer les sondages en avance).
  • Boggle. Proposer des lettres, les élèves doivent trouver des mots comportant ces lettres.
  • Mots mêlés. Partager une grille de mots mêlés et demander aux élèves de trouver les mots (il y a une fonction “crayon” qui est assez simple à utiliser).
  • Lecture offerte. Proposer la lecture d’un conte.
  • Petit bac grammatical. Proposer une lettre, les élèves doivent trouver des verbes commençant par cette lettre, puis des noms, puis des adjectifs…
  • Réciter une poésie.

Quelques conseils autour de la classe virtuelle du CNED :

  • Bien penser à activer les autorisations pour les participants (sans quoi, ils ne peuvent rien faire).
    Pour cela aller dans “Paramètres de la session” et cocher “Partager l’audio”, “Partager la vidéo”, “publier des messages dans le chat”, “dessiner sur le tableau et dans les fichiers”.
  • Apprendre aux élèves à couper leur micro quand ils ne parlent pas.
  • Penser à importer les documents avant la session dans la section “Partage de fichiers” (à noter, les fichiers restent dans cette section d’une session à l’autre).

Cycle 3 (Bruno Mallet)

Durant les vacances, il était convenu avec ma classe que nous allions continuer les visios en utilisant la solution Hangout de Google. Le travail donné lors des vacances se résume  à quelques lectures, défis mathématiques ou tutos pour apprendre à dessiner. Les élèves de CM1 et les parents m’ont fait savoir que les visios étaient importantes dans leur quotidien. Il me semblait donc essentiel de maintenir ce lien humain et social. Se voir, avoir des nouvelles, se dire que tout va bien, discuter de tout et de rien me paraît crucial dans cette période tellement inimaginable.

Avant de se quitter pour quinze jours de vacances, nous avions convenu de faire deux visios, les mardis et les vendredis en fin de matinée.

Le premier mardi est arrivé, ils étaient là, une douzaine de CM1 prêts pour ce rendez-vous attendu avec impatience !

Rapidement, j’ai compris que cette heure de visio allait être bien longue, si nous ne faisions que nous regarder et discuter de choses et d’autres sans fil conducteur.

Alors comme une fulgurance, l’idée a surgi de faire un journal…un journal comme à la télé ou presque ! Nous avons mis à profit la dernière demi-heure pour lister les rubriques qu’ils voulaient retrouver dès le vendredi suivant dans ce qui serait leur journal de confinement.

La visio s’est transformée en véritable comité éditorial : Météo des émotions*, journal des bonnes nouvelles, émissions à ne pas rater à la télé, lecture offerte, présentation de dessins, apprendre aux copains un tour de magie, recettes de cuisine… tout autant d’idées qui au final ont permis de construire dès le vendredi suivant une visio amusante, rythmée et éducative où chacun a pris du plaisir et aura oublié pendant quelques minutes le confinement des vacances.

Je leur laisse même une récréation de 5 à 10 minutes, pour souffler un peu, où je m’éclipse pour les laisser entre eux !

Cycle 4 spécialisé (Nicolas Rallet) 

Je travaille avec des élèves d’âge collège qui présente un trouble du langage et des apprentissages ou un trouble des fonctions auditives. Avec ce type d’élève, les capacités en lien avec la communication et avec l’attention peuvent faire défaut, donc autant dire que la visioconférence n’est pas le meilleur des supports avec eux. Surtout quand le matériel et la qualité de la connexion ne sont pas au rendez-vous. 

Pour autant, l’usage de la visioconférence m’a tout de suite paru nécessaire. D’une part car elle permet d’enrichir ma communication à destination des élèves (avec des supports visuels et des gestes augmentatifs) et d’autre part car elle me permet d’avoir un feedback en les observant (ce qui est essentiel pour réguler mon intervention). J’ai donc décidé d’utiliser cet outil dans le cadre de la continuité pédagogique. Après une première semaine d’utilisation de la classe virtuelle j’ai recensé quelques limites avec mes élèves :

  1. L’exercice demande une charge attentionnelle importante. Surtout si la qualité de la vidéo et de l’audio sont médiocres. Ainsi à la fin d’une visio, on termine souvent fatigué. On a donc envie que cela s’arrête rapidement. 
  2. Je dispose d’un feedback mais beaucoup plus morcelé qu’en classe car je ne peux pas avoir une vue globale surtout quand l’élève peut décrocher sa caméra et son micro. C’est notamment vrai avec un public adolescent qui n’aime vraiment pas se voir.
  3. Même si on organise une classe virtuelle, les élèves sont à la maison. Donc on entend le petit frère regarder le dessin animé, le père passer l’aspirateur, … Et surtout l’élève se sent chez lui et plus du tout en classe. Donc quand on arrive avec un discours trop frontal, surtout que le cadre de la visioconférence s’y prête, on perd rapidement les élèves. Ils vont vite préférer regarder un autre onglet sur leur navigateur. Comme nous en fait !

En fonction de ces limites, j’ai commencé à réguler ma pratique de la visioconférence. Comment ? Tout d’abord en m’interrogeant sur les objectifs de l’exercice. À quoi doit me servir la visio ? Elle doit me permettre de : 

  • Travailler la communication orale à la fois sur le versant réceptif et expressif. 
  • Sécuriser l’élève en conservant ce fameux lien et en l’observant pour éviter toute rupture. 
  • Développer les capacités de l’élève sur le plan de l’attention, de la mémoire et du raisonnement. 

En clair, comme en classe, je continue toujours à stimuler mes élèves pour travailler ces trois axes de compétences : langagières, cognitives et psycho-affectives. En replaçant l’usage de la visio dans mon cadre de travail, j’ai pu dégager certains principes :

  • Réduire le temps de la visio*. L’idéal est 45 minutes. Ce temps doit être annoncé dès le départ. Il est possible d’avoir un gardien du temps parmi les élèves. Chaque partie se doit aussi d’être minutée. 
  • Rythmer la visio est important, notamment avec des rituels, c’est-à-dire des activités qui reviennent régulièrement, et que les élèves connaissent pour éviter de perdre du temps dans la transmission de la consigne. Ainsi nous commençons par aborder l’organisation générale (habituellement c’est moi qui donne de rapides infos), puis les activités de la classe (certains élèves en sont responsables), la prise de température et éventuellement un événement exceptionnel.
  • Investir les élèves dans la conduite de la visio. En classe, nous pratiquions déjà un conseil coopératif qui était géré par les élèves. Ainsi j’ai un président de séance et un secrétaire. J’investis aussi des élèves de différentes prises de parole. Par exemple, un élève doit prendre la parole pour parler du défi du jour, du défi sportif ou créatif de la semaine, etc … L’adulte a juste un rôle de régulateur.
  • Proposer un support visuel que l’on montre aux élèves pendant la visio. Par exemple, je rédige un conducteur de la visio pour que les élèves puissent lire en fonction de la prise de parole. S’ils sont absents, ils pourront, comme leurs parents, y accéder pour avoir des informations. Je vais aussi montrer d’autres supports que les élèves mentionnent dans leur prise de parole. Enfin j’utilise aussi un mur d’humeurs pour guider la prise de température du jour. 
  • Proposer des activités adaptées pour avoir toujours des élèves actifs. Une activité qui fonctionne bien de mon côté : lire un texte de théâtre ! 
  • Surprendre les élèves. Leur donner envie de participer vraiment et de revenir. Ainsi, je commence à proposer des activités comme l’invité mystère. Je demande à un collègue de venir masqué à la visio. Les élèves peuvent lui poser des questions fermées. Il doit répondre par oui ou par non en hochant de la tête.

Et vous, comment dynamisez-vous et rendez-vous plus humaines vos classes virtuelles ?

* À propos du temps de visioconférence et de la fatigue engendrée, lire l’article «Zoom fatigue»: pourquoi les discussions en visioconférence sont si épuisantes.