Après la #twictée qui prend un bel envol dans les classes de la francophonie, voici venu le rejeton urbain et citoyen, le petit frère qui fait l’école buissonnière : la #twictée2rue.

Cachez cette erreur que je ne saurais voir…

Vous serez d’accord pour dire que les erreurs orthographiques sont nombreuses autour de nous. Sur les vitrines des boutiques, dans les publicités de nos boites à lettres, dans les manchettes des journaux, à la télévision… Et nous ne nous excluons pas nous-même des (mal)heureux « producteurs d’erreurs ».

Que fait-on dans ce cas là ? Parfois on ne les voit même pas. D’autres fois il s’agit de s’en moquer en postant une photo assassine sur les réseaux sociaux. Certains se lancent dans le discours des valeurs de la France qui partent à vau-l’eau, et de la faute à l’école qui n’apprend plus rien à nos enfants, et autre c’était mieux avant !

L’erreur orthographique est notre pain quotidien

Des chercheurs comme Nina Catach, des linguistes ou psycholinguistes comme Jean-Pierre Jaffré et Michel Fayol nous apprennent que ce n’est pas si simple, que l’orthographe est une « convention sociale et graphique » (oui une CONVENTION!) qui évolue depuis toujours avec l’histoire des hommes qui l’utilisent et la façonnent. La maîtrise de l’orthographe est bien plus complexe et mouvante que ne le laissent croire certains discours simplistes. Personne n’est à l’abri des « fautes d’orthographe », pas même ceux qui s’en émeuvent tant…

Dernièrement, devant un boulanger au coin de la rue on pouvait voir cette affiche :

photos_and_videos_by_rc3a9gis_forgione__profdesecoles____twitter

On pourrait avec délectation publier cette image avec un bon mot du genre « agression orthographique chez le boulanger », ou encore « attentat grammatical au coin de la rue », histoire de faire sourire.

Mais fort de l’expérience twictée une autre idée surgit. Et si on faisait quelque chose de ces erreurs au lieu de s’en moquer, de s’en énerver ? Et si au lieu de les prendre de haut on s’appliquait à en parler, à en faire quelque chose de positif ? À produire un #twoutil en somme !

 rc3a9gis_forgione__profdesecoles____twitter

Vous savez combien la démarche orthographique nous questionne sur ce blog.

Créer du lien ?

Pour finir l’anecdote, voyant prendre la photo de son affiche le vendeur est intrigué. Je lui explique que comme prof ce genre d’erreur saute aux yeux. Nous bavardons quelques minutes. Je réalise assez vite qu’il n’a pas le bagage scolaire pour comprendre l’erreur. Mais peu importe : nous avons échangé quelques instants autour de l’orthographe et de langue ! Après tout la langue est là pour créer du lien. Il a fini sur une magnifique pirouette en disant que son erreur était volontaire « pour pouvoir engager la discussion »: la boucle est bouclée !

La #twictée2rue comme sport national

Et si on demandait à tout un chacun de pratiquer cette gymnastique mentale plutôt que de stigmatiser l’erreur ? Et si la twictée ne se cantonnait plus uniquement aux classes, si elle en faisait « exploser les murs » (clin d’oeil à l’expression chère à Philippe Roederer que nous lui empruntons ici).

Une twictée partout et pour tous, selon son niveau et ses capacités bien sûr. Et surtout dans la bienveillance. La twictée comme un entrainement cérébral ludique, comme un échauffement des méninges, comme un jongle de foot en pleine rue : dégainez vos grammaires aficionados de l’orthographe, la #twictée2rue vous défie !

Regardez autour de vous, publiez vos trouvailles avec le hashtag #twictée2rue pour que d’autres s’en emparent.

À commencer par nous/vous, enseignants et formateurs pratiquant la twictée. Essayez-vous à l’exercice, vous comprendrez que produire un twoutil de qualité est moins évident qu’il n’y parait, pourtant c’est un travail demandé chaque semaine aux élèves 🙂

Un plombier